Plénière 2 : Gratitude envers soi et symptomatologie dépressive : quels processus impliqués ? L’hypothèse du biais d’interprétation et de l’orientation vers le positif

Guillaume TACHON

Récemment, les recherches relatives à la gratitude envers soi ont mis en évidence son intérêt pour la santé mentale, notamment en renseignant sa relation négative à la symptomatologie dépressive (Tachon et al., en préparation). Toutefois, les mécanismes impliqués dans cette relation n’ont pas encore été étudiés. C’est pourquoi, sur la base du modèle proposé par Alkozei et al. (2018 ; 2019) et des modèles cognitifs de la dépression (e.g., Gotlib & Joormann, 2010), quatre études ont été menées afin d’identifier le rôle potentiel du biais d’interprétation et de l’orientation vers les aspects positifs de la vie dans la relation entre la gratitude envers soi et les symptômes dépressifs, en utilisant des méthodes transversales (études 1 à 3) et expérimentales (étude 4). Nous avons émis l’hypothèse que la gratitude envers soi prédirait négativement les symptômes dépressifs (étude 1) et positivement le biais d’interprétation positif (étude 2) ; que le biais d’interprétation positif prédirait négativement les symptômes dépressifs et serait un médiateur la relation entre la gratitude envers soi et les symptômes dépressifs (étude 3). Dans l’étude 4, les participants ont été assignés à l’une des trois conditions expérimentales (journal d’auto-gratitude vs. journal de gratitude vs. liste d’attente). L’hypothèse était que les symptômes dépressifs diminueraient après l’intervention chez les participants des conditions gratitude envers soi et gratitude et que le biais d’interprétation positive ainsi que l’orientation vers les aspects positifs de la vie augmenteraient chez ces participants par rapport à la condition de contrôle. Les résultats des études 1 à 3 ont montré que la gratitude envers soi prédisait les symptômes dépressifs et le biais d’interprétation de la manière attendue, et que le biais d’interprétation médiait la relation entre la gratitude envers soi et le biais d’interprétation. L’étude 4 a montré une diminution marginale des symptômes dépressifs et une augmentation de l’orientation vers les aspects positifs de la vie. Cependant, les scores de biais d’interprétation positif n’ont pas augmenté de manière significative. Les implications conceptuelles et appliquées de cette recherche, notamment dans la promotion de la santé mentale ou le traitement de la dépression sont à discuter.